La création musicale est un processus passionnant, mais comme beaucoup de nos lecteurs il est difficile de s’y retrouver au milieu de tous ces dossiers et de toutes ces idées relatives déchues qui n’ont jamais abouti à un projet terminé que ce soit par manque d’inspiration ou de temps, ou simplement par paresse ou parce que vous êtes passés à autre chose… Et quoi de plus frustrant que d’avoir investi une somme considérable de votre temps dans des projets qui ne verront jamais le jour. C’est l’enfer de tout beatmaker, crouler sous les nombreux dossiers, projets mal organisés ou trop différents pour les intégrer à un ensemble cohérent, trop anciens, pas assez pertinents.
Apprenons ensemble aujourd’hui quelques méthodes et conseils pour terminer un projet, le regrouper avec d’autres morceaux et maintenir une direction artistique cohérente. C’est peut être un défi pour beaucoup de beatmakers, mais c’est aussi ces choses là qui font la différence entre ceux qui tendent à se professionnaliser et monétiser leurs activités et ceux qui composent pour leurs tiroirs ou disque durs…Passons en revue une série de conseils pour vous aider à atteindre ces objectifs et donner à vos projets musicaux une touche professionnelle et unifiée.
Planifiez votre projet dès le début ou retravailler vos oeuvres passées
Alors, l’organisation et la méthode ne sont pas toujours de rigueur lorsque l’on commence à créer et dans l’élan créatif on se retrouve toujours à reproduire les mêmes erreurs et surtout à finir désorganisés avec nos fichiers.
Quelque soit votre situation, que vous ayez 10To ou que vous commenciez à peine à mixer vos premiers beats, suivre ce guide vous permettra d’y voir un peu plus clair et de vous donner les clefs pour résoudre ce sempiternel problème qui vous empêche de finir vos projets. Aussi perfectionniste que vous soyez, on est prêts à prendre le pari que vous avez ce projet perdu ou ces idées de mélodie ou de beats qui trainent dans un coin de votre ordinateur ou de votre disque dur.
Commençons d’abord par trier les productions existantes ou créer une structure de tri (arborescence de dossiers) pour vos projets :
L’Organisation
Créez un système de classement pour vos sessions de projet, vos samples et vos presets. Utilisez des dossiers et des sous-dossiers clairement nommés pour retrouver facilement vos fichiers. Prenez ce temps qui n’est pas du tout du temps perdu pour passer en revue et classer ce que vous avez fait, étiqueter méthodiquement les projets avec des labels que vous allez pouvoir reconnaître facilement et regrouper les avec votre écoute critique par genre ou esthétique.
Par exemple, ajouter dans le nom de votre fichier un commentaire qui va vous aider à déterminer avant de devoir réécouter le projet a partir de votre avis actuel : WIP = Work in Progress ; AF = Almost Finished ; NR = Need rework ; GI = Good ideas.
Utilisez des genres pour qualifier vos influences ou vos esthétiques projets : House ; Trap ; 1990s
Mettez la date ou la période à laquelle cela a été composé .
Ainsi le nom d’un fichier pourrait être sous le format suivant : [WIP] 2022 Modular Synth Symphony – Retrowave – Old computer stuff
C’est un véritable travail d’archive mais pour ceux qui ont vraiment un excès de zèle, faire un fichier excel regroupant l’ensemble de vos projets serait un des meilleurs investissements de temps pour vous y retrouver et trier correctement votre catalogue.
Optimisez l’usage de vos DAW ou STAN comme des logiciels de gestion de projet
Des logiciels que nous utilisons à Musitechnic comme Ableton Live, Cubase FL Studio ou ProTools offrent des fonctionnalités pour organiser vos projets. Comme nos étudiants l’apprennent dès leurs premiers cours, créez des groupes et des couleurs pour différencier les sections de vos morceaux et garder une organisation claire et unie pour l’ensemble de vos créations dans le temps.
Définissez une ligne artistique claire ou justifiez un regroupement de plusieurs influences sous un même album
Avant de commencer à produire ou de sélectionner vos productions pour créer un EP, album, Portfolio, prenez le temps de réfléchir à ce que vous voulez exprimer avec votre projet et ce que vous voulez montrer. C’est là qu’interviennent vos choix de direction artistique pour justifier soit l’éclectisme ou les éléments unifiants vos morceaux.
Cela peut être un thème, l’usage d’un preset, un instrument, une période de votre vie ou simplement une ambiance. Que ce soit une ambiance spécifique, une histoire ou une émotion, avoir une vision claire vous aidera à rester sur la bonne voie tout au long du processus de sélection et d’homogénéisation de vos productions déjà existantes.
Déterminez ce qu’il vous reste à faire avec une liste
Divisez votre projet en tâches : comme la composition, les variations que vous avez en tête, l’arrangement, le mixage et le mastering. Notez toutes vos idées et gardez des traces de votre cheminement de pensée.
Pour vos projets musicaux qui nécessitent du travail supplémentaire, envisagez d’en faire un remix ou de les fusionner avec des projets déjà existants eux aussi en cours de finalisation. Parfois cela peut vous donner des contraintes ou des pistes d’inspirations intéressantes à suivre pour finaliser vos morceaux.
Abandonnez l’idée de la quête de la perfection. Parfois il faut se convaincre et juste considérer qu’un projet est terminé, après y avoir investi plusieures heures on cherche sans cesse à le peaufiner et on termine par un projet qui est moins efficace et trop chargé. Le mieux est l’ennemi du bien, less is more, toutes ces dogmes peuvent surement parfois vous aider à vous décider de considérer que certains de vos projets sont des produits finis tels qu’ils le sont.
Une autre astuce pour changer votre façon de composer est de commencer par la fin du morceau, ou si c’est le cas pour un morceau est déjà commencé, d’y ajouter une fin directement de manière à avoir un cadre qui vous force à conclure et vous impose une direction.
Pensez à créer des transitions fluides
Si vous travaillez sur un album ou un EP, pensez à la manière dont chaque morceau passe au suivant. Les transitions fluides renforcent la cohérence de l’ensemble du projet.
Oui… le mot peut faire peur, mais il s’agit là d’un processus tout simple qui consiste à vous citez vous même musicalement d’une œuvre à l’autre en utilisant un sample, une référence, un concept d’un morceau à l’autre ou d’un album à l’autre comme une sorte de référence ou de petit clin d’œil.
Adoptez une méthodologie qui vous correspond
Pour avoir fréquenté beaucoup de personnes dans le monde de la création musicale, il faut admettre qu’il n’y a pas de bonne ou de meilleure méthode, chacun a son rythme, ses élans créatifs, flashs d’inspiration et même périodes de création (l’inspiration vient parfois que durant des heures nocturnes, dans des situations bien particulières).
Là encore, il n’y a pas de recette miracle, certains aiment s’imposer un cadre strict avec des sessions déterminées dans le temps, l’idée est plus d’apprendre à se connaître soi-même et surtout de ne pas se dégouter en se fixant un cadre trop rushant et strict. Simplement se donner l’objectif de faire sans procrastiner et de se forcer à commencer comme le suggèrent la plupart des études sur le sujet.
Éditez, remixez et affinez vos créations
On a tous vécu ce sentiment… avoir la tête dans le guidon, à force de trop écouter une production et de passer en boucle sur tous les aspects, on finit par s’en lasser ou tout simplement par l’entendre d’une autre manière, avoir une hyperfocalisation sur un détail et ne plus être objectif. Aussi, faire un export provisoire et lâcher son casque, ses écouteurs ou sa paire d’enceinte pour aller écouter comment le mix va sonner dans le char est parfois une méthode qui va vous faire changer votre façon d’écouter votre projet et ainsi de pouvoir finaliser votre mix. Enfin, donnez du repos à vos oreilles entre les sessions de travail pour revenir à vos morceaux 2-3 jours plus tard afin d’avoir une perspective fraîche qui vous permettra d’entendre des détails que vous auriez pu manquer.
Sollicitez des écoutes externes
Faites écouter vos morceaux autour de vous ou à d’autres musiciens pour obtenir des avis extérieurs. Les retours peuvent vous aider à identifier les aspects à améliorer ou vous donner de nouvelles pistes à explorer.
Pensez à l’artwork
L’identité visuelle de votre projet est tout aussi importante que le contenu musical. Collaborez avec des graphistes pour créer des pochettes et des visuels qui reflètent l’essence de votre musique.
Conclusion
Terminer un projet musical, le regrouper et maintenir une direction artistique unie demande de la discipline, de l’organisation et une vision claire. En suivant ces conseils, vous serez mieux équipé pour produire des morceaux de qualité qui résonnent avec votre public et reflètent fidèlement votre identité artistique. Continuez à explorer, à expérimenter et à affiner votre processus créatif pour atteindre de nouveaux sommets dans votre carrière de beatmaker.